Biennale de mosaïque : cette année, nouvelle édition avec plus d’exposants, plus d’œuvres jusqu’en janvier
Après le succès de la première édition, la biennale « Mosaïques en Nord » revient à partir de ce week-end sous l’impulsion de Jean-Marc Escherich, du centre socio-éducatif avec plus d’exposants, plus d’œuvres et sur une période plus longue. L’invité d’honneur, Gérard Brand, nous livre sa vision de l’art et se confie sur son travail.
Gérard Brand, vous ne parlez pas d’œuvres mais de créations. Pourquoi ?
« Je n’ai pas l’habitude de dire que je fais des œuvres, par pudeur, je dis un tableau, une sculpture. Ce n’est pas à moi de dire c’est une œuvre. Peut être qu’un jour, j’aurais la chance que le public dise que ce sont des œuvres. »
Quel est votre processus créatif ?
« Je change de techniques plusieurs fois par an mais je ne change jamais de mentalité. Les thématiques changent en fonction de la vie. Je rumine et puis je délivre, comme une femme enceinte, il y a de la souffrance, de l’attente, de la patience. J’ai une sensibilité vis-à-vis de l’objet mais aussi de l’être humain en face de la création.
Quand je crée, c’est viscéral. Je prends mes responsabilité. Je suis un homme engagé et je n’ai pas peur de dire ce que d’autres ne disent pas. Un artiste a des droits et des devoirs, il y a une forme d’engagement civique et moral. »
Avez-vous une technique particulière pour la mosaïque ?
« J’ai travaillé sur ma propre technique pendant dix-sept ans. Elle est particulière parce qu’il n’y a aucune forme pour coller les tesselles de mosaïque, on voit à travers. Je suis le seul à faire ça. »
Quelles relations ont les visiteurs avec votre travail ?
« Parfois les visiteurs me disent je ne comprends rien mais ça provoque des choses en moi. Quand on rassemble toutes ces créations qui sont tellement imprégnées par mon sentiment personnel, c’est normal que les visiteurs soient injectés par ces vibrations, ces rayonnements. D’ailleurs, je lance un appel au public : ne regardez pas seulement mon travail, essayez de le sentir . Quand on voit une création d’une couleur que l’on n’aime pas forcément et qu’on aime quand même cette création, c’est qu’il y a quelque chose en plus. »
Comment avez-vous préparé cette exposition pour la biennale à Hazebrouck ?
« J’ai fait cinq pièces spécialement avec une donation pour le musée (la sculpture s’appelleLa Robe rouge de Soignies) parce que j’ai été très bien reçu. J’ai lu beaucoup de documentation sur les Flandres mais je n’ai pas travaillé de thème en particulier lié au secteur. J’ai travaillé sur le thème de la femme avec la pierre noire de Soignies. En tout, il y a 200 pièces présentées, c’est ma première exposition dans le Nord. »
Parlez-nous de la partie exposée à l’église.
« C’est réparti dans deux salles. Une salle que j’appelle la salle de souffrances, la salle rouge avec les crucifix.
L’autre salle, c’est le résultat de mon travail avec les reste de l’église de Gerstheim qui a brûlé (voir ci-dessous). J’ai récupéré des restes pour mon travail Paroles d’objets mémoire sacrée. »
En 2011, l’église de Gerstheim, en Alsace où habite Gérard Brand, originaire d’Obernai, était détruite par un incendie. Dans les décombres, après avoir obtenu les autorisations, l’artiste a récupéré des vestiges : verre, bois, métal, tissu…